Bluff ?

/[HRP] J'ai choisi de partager avec vous une partie de l'histoire de Martoula. J'espere que vous aurez plaisir a me lire ^^. /[HRP]

Premier chapitre : Pourquoi ? (Flash-Back)

Tous mes souvenirs, toute ma vie...

Aussi loin que je me souvienne, mon enfance à la taverne, mon frère, ma soeur... Rien ne m'a encore rendue heureuse.
Mes parents, je ne les ai jamais connu et d'après ce que raconte mon frère, tant mieux.

Mon frère, un grand écaflip au poil ébene, se tenait là, saoul comme
toujours, devisant avec quelques autres venus boire et jouer... Jouer
contre lui ! Personne n'avait encore jamais réussi a gagner, et rumeur
courait que notre Dieu avait placé en lui une partie de sa chance et
une intelligence hors du commun. Il se jouait d'ailleurs de tout, de
ses adversaires, des femmes, de nous...

Shizuno, ma soeur, était toujours absente, perdue dans ses songes et personne ne semblait pouvoir percer ses mystères.
Elle servait les quelques clients sans un mot, le regard vide et soumise a
la volonté des tenanciers de la taverne qui ne s'étaient jamais genés
pour l'utiliser. Son visage aux traits fins et son poil d'ivoire
faisaient d'elle une magnifique créature, malheureusement elle n'avait
pas la vie qu'elle méritait.

Et moi, je passais mes journées a observer le jeu de mon Fourbe de frère, j'admirais tellement sa
technique... Bien sûr, je ne parvenais pas a faire aussi bien que lui
et je restais transparente.
Je rêvais d'avoir autant d'aisance, de
popularité et j'aurais aimé qu'on me respecte et qu'on m'admire comme
lui. Insoumise, je ne voulais pas continuer a vivre ainsi, je m'étais
fait a l'idée de tout abandonner et de recommencer une nouvelle vie.

Un matin de pluie, lasse de ne pas exister, je rassemblais le peu de
choses m'appartenant, une vieille épée que mon père m'avait laissé, et
je pris la route. Vers qui ou vers quoi ? Nul ne le savait.

Je laissais un mot au Fourbe : "Prends soin de Shizu, je m'en vais et je
ne reviendrais pas. N'essaie pas de me retrouver, ce serait peine
perdue. Ta soeur qui t'aime, Martoula"

Deuxieme chapitre : L'errance

Marcher sans but...

Je fermais un peu plus ma cape, la pluie s'abattait depuis mon départ et j'étais maintenant transie de froid. La nuit tombait, et toujours pas un seul signe de vie.
J'avancais droit devant, le coeur serré et épuisée par ma journée. Il fallait que je trouve un endroit ou m'abriter, la pénombre avait tout envahi et je ne me sentais pas en sécurité.

Je fus surprise de voir au loin se dessiner le toit d'un temple, et je décidais de me diriger vers celui-ci pour m'y reposer. Le lieu était désert, je m'étendais sur sol après avoir pris soin de me sécher un peu. Mon sommeil fut court et ponctué de sombres cauchemards.

Dès mon réveil, je sentais la faim me tirailler et pour la première fois, je devais partir en quête de nourriture seule. Je repris donc la route, sans vraiment savoir ou j'allais. Au bout d'un sentier, et pour la premiere fois depuis mon départ, j'apperçut ce qui semblait être une cité.

Le bruit assourdissant de la foule, tout ce mélange d'odeurs et de couleurs
criardes me saisissaient. Moi qui avait vécu presque recluse, je me sentais agressée par l'effervescence de cette ville un jour de marché.

"Hé toi ma jolie ! Viens par ici et admire mes belles étoffes" hurla un vieil Enutrof.
Sans même détourner le regard, je continuais a marcher, comme envoutée par l'odeur du poisson frais qui trônait sur un étal un peu plus loin.

"Bonjour Mademoiselle, je vois que vous avez bon goût, mon poisson est le
meilleur de tout Amakna et une belle truite fraiche comme celle-ci est
a vous pour 5 kamas seulement !"

Je levais les yeux. Ce visage... Il me semblait familier. Je le regardais un instant sans un mot, puis ses paroles et cette voix...
Pourtant j'étais incapable de me souvenir pourquoi j'avais l'impression de le connaître. Je n'avais de toute façon pas d'argent, et je commençais a m'éloigner quand il m'attrappa par l'épaule.

"Tenez, vous me semblez affamée, ça vous permettra de reprendre des forces" Dit il en me souriant.

Personne n'avait jamais eu autant d'égard envers moi, peut être était-ce un signe ? Je décidais d'aller découvrir les alentours de cette ville, et
pourquoi pas d'y revenir plus tard.

Troisième chapitre : Mélancolie

Quand la solitude fait remonter les souvenirs...

Voici déjà plusieurs mois que je vagabondais, ne dormant et ne mangeant que très peu, enfin juste pour continuer à vivre...Ou survivre ?
La situation devait évoluer, je pensais à la lettre que j'avais déposée à mon frère le jour de mon départ, à ma soeur perdue et à la promesse que je m'étais faite.
Ce soir là, après avoir passé une journée de plus dans cette forêt, je décidais de me donner un but. Mais comment ? Et lequel ?
Je m'endormais une fois de plus tourmentée.
Je me souviens même avoir fait un mauvais rêve...Comme un sombre présage. Je revenais à la taverne de mon enfance, après des années d'errance et de solitude. Je ne trouvais pour m'acceuillir qu'une enutrof édentée qui m'expliquait que Le Fourbe et Shizuno étaient partis depuis longtemps. Elle semblait sous entendre qu'ils étaient même peut être morts...

Au petit matin, je sentis un souffle chaud sur mon visage. Les yeux encore pleins de sommeil, je distinguais a peine le sourire étranger de cette personne penchée sur moi. Je me redressais, perdue comme une bête sauvage. Que me voulait t'elle ?

- Bonjour jeune ecatte
Je demeurais là, immobile et le poil dressé de peur.
- Vous me semblez bien seule...Je peux peut-être vous aider ?
Son regard rassurant et son costume de lumière me redonnèrent confiance, je me décidais a lui répondre enfin.
- Meow hum... Oui je me suis plus ou moins égarée, disons que je n'ai pas vraiment de destination. Je ne sais pas si vous pourrez m'aider...
- Je suis Adenora, disciple du Dieu Osamodas, je maîtrise plusieurs techniques d'invocation, et vous ?
- Mon prénom est Martoula, et je maîtrise euh, je ne crois pas maîtriser grand chose a vrai dire.
Elle se mit a rire.
- Bien, si vous voulez je peux vous guider un moment, cette forêt est peuplée d'être maléfiques, et je ne peux pas vous laisser seule et sans défense ici.

Mon sixieme sens me disait que je pouvais lui accorder ma confiance, et je décidais de la suivre, en pensant toujours au devenir de mon frère et de ma soeur chéris.J'étais bien décidée à les retrouver une fois ma destinée accomplie.

Quatrième chapitre : Une renaissance

Quand l'entrainement fait naître de nouveaux espoirs...

Plusieurs années s'étaient écoulées, et mon enfance passée a la taverne me parraissait tellement loin...
J'avais bien mûri, et j'évoluais toujours auprès d'Adenora, qui était devenue une grande amie. A tel point que j'avais rejoint son Clan, et que sa plus grande réussite avait été de m'enseigner une technique d'invocation. Certes, ce n'était qu'un tout petit chaton, mais je n'oublierais jamais la fierté que j'avais pu lire dans ses yeux ce jour là.
Je m'étais même fait quelques amis, et je prenais plaisir a rendre service aux autres.

Tout comme mon père, je savais a présent manier une épée, et j'avais même appris à me servir de la magie.
Ma maladresse ne m'aidait pas, pourtant, ma volonté de réussir était a toute épreuve et je m'étais affirmée grâce à ma determination.
Je partageais de si bons moments avec mes comparses que je pensais de moins en moins souvent à ma famille...

J'avais aussi fait le choix du respect des villageois et d'aider les plus faibles, quoiqu'il m'en coûte. L'injustice était pourtant monnaie courante en nos vertes contrées, mais je ne baissais pas les bras.

Mais pourquoi ? Pourquoi je sentais toujours un vide immense en moi ?
J'avais l'impression que ma vie commençait a peine, mais pourtant les bases n'étaient pas là...Les origines, mes sources...Qui étais-je ?
Et toutes ces questions sans réponses, je ne savais finalement rien de ce qui faisait de moi cette créature si peu sûre d'elle et en quête de reconnaissance.
Je passais de longues heures à penser à ma vie, à ce que je recherchais finalement dans ce monde.
Les jours passaient sans que je ne puisse trouver la quiétude et l'insouciance de certains de mes amis qui me faisait tant rêver.

Je consacrais tout mon temps à aider les autres pour m'occuper l'esprit.
Je rêvais d'un monde meilleur pour tous et je m'evertuais à tout faire pour que ce soit un jour possible. J'aimais lire le respect des gens dans leurs yeux en me voyant. J'étais devenue quelqu'un ! Jamais je n'aurais cru le dire un jour...

Ces moments sont sans doute les meilleurs que j'ai vécu, et je donnerais beaucoup pour revenir en arrière.
Bien sûr, ce bonheur fut de courte durée...

Cinquième chapitre : Désillusions

Quand il ne reste que les souvenirs...

Un matin aux aurores, je vis mon amie remplir un grand sac de tout ce qu'elle possédait. Je restais là à l'observer sans rien dire, elle semblait si accablée... Et puis, une fois sa besace fermée, elle partit discretement. Je la suivais un instant en prennant garde de ne pas me faire remarquer, j'avais compris qu'elle n'accepterait surement pas ma présence.

Le port de Madrestam n'avait jamais semblé si vide. Elle prit le premier bâteau, je ne savais même pas ou elle avait décidé de s'en aller.
Mes yeux se remplirent de larmes, je n'avais pas pu lui parler ni même la retenir. Depuis quelques temps, bon nombre de mes compagnons avaient disparu, certains en faisant leurs adieux, d'autres en silence.
Mais elle qui représentait tout pour moi, pourquoi m'abandonnait t'elle ?
Je restais là, immobile et hagarde pendant plusieurs jours, ce choc avait été très violent et je n'avais plus la force de me relever.

Je regardais le ciel se teinter de gris et la pluie vint bientot cingler mon visage, il fallait bien que je me redresse pour trouver un abri...
"Taverne du Ripate", ça fera l'affaire. Pensais-je.

Le brouhaha de ce lieu fit ressurgir l'ambiance de mon enfance : la saleté, l'alcool, le jeu, les femmes...Rien ne manquait. Je pris place près du comptoir, très discretement pour ne pas attirer tout ces regards sur moi.
Je n'avais pas oté ma cape, esperant me fondre un moment dans le décor.
Rapidement, le tavernier m'interpella :
- Salut M'dame, j'vous sert quoi ?
Ce sram empestait le rhum de mauvaise qualité, et sa façon de m'aborder m'avait fait un peu reculer.
- Bonjour, je voudrais une potion bulbique répondais-je timidement.
- J'vous apporte ça d'suite avait-il dit en s'éloignant.

Mon breuvage terminé, je décidais de ne pas m'attarder dans ce lieu, j'avais le coeur lourd et rester plus longtemps n'aurait fait qu'agraver mon état.
J'avais pris la décision de partir.
A mon tour, je rassemblais tout ce que j'avais de précieux et je pris la route sans me retourner.

Sixième Chapitre : Le printemps

Les saisons se suivent et se ressemblent...

Les pommiers en fleurs et la nature renaissante m'avaient redonné un second souffle. Trop longtemps restées en sommeil, les forêts et les plaines retrouvaient leurs couleurs verdoyantes.
J'aimais redécouvrir chaque endroit et flâner. J'avais pris l'habitude de m'allonger de longues heures sur le sol et d'observer le ciel étoilé en songeant à ce que pourrait être ma vie future.
Je voulais me relever et rencontrer de nouvelles personnes, la solitude ne me convenait décidement pas.

Le destin avait placé sur ma route un énutrof sage et expérimenté, que j'avais appris a connaître et à apprécier. Malgrès son air bourru, il m'avait tellement appris sur moi et sur les autres...
Baran, car tel était son nom, avait décidé de me présenter les membres de "sa famille".
Au fil de nos conversations, j'avais compris ce qui les rassemblait. Une certaine soif d'aventure, mais aussi une envie de partager des souvenirs, leurs expériences passées et la Foi en Séraphin.
Séraphin ? Un guide spirituel, qui leur était apparu un soir au détour d'une aventure et dont le regard pur avait inspiré confiance et respect.
Une philosophie de vie en quelque sorte, ou comment allier amitié et action.
Ils se réunissaient souvent au coeur de la même grotte, lieu de l'apparition de leur guide pour se raconter tout ce qui faisait de chacun ce qu'il est.
Toujours est-il que je m'étais rapprochée de tous et que j'avais fait le choix de les suivre.

Ce printemps ne ressemblait finalement pas tant que ça aux autres. Je me sentais revivre, tout comme la nature reprend ses droits et renait après l'Hiver.
Une année s'était écoulée, et j'avais partagé tellement de jolis moments avec mes nouveaux amis qu'il me semblait qu'une seule seconde me séparait de ma rencontre avec Baran.

Mon coeur me brûlait parfois quand je songeais a mon frère et ma soeur, mais ma nouvelle vie était si apaisante que j'oubliais bien vite ma tristesse.
Je redécouvrais la joie, enfin. J'avais vraiment envie que rien ne change jamais et de suivre Séraphin au fil des saisons.
Qui sait, peut être que moi aussi, quand j'aurais l'âge de Baran je pourrais faire naître cette Foi en quelqu'un d'autre...

Septième chapitre : L'Amour

Le coeur a ses raisons...

J'avais enfin appris ce qui causait ce sentiment de trouble en moi à la rencontre de certains jeunes hommes.
J'avais découvert aussi que parfois cette sensation disparaissait aussi vite qu'elle m'avait envahie.
J'aimais me sentir innondée de cette chaleur inxeplicable, rêver a une vie paisible et entourée de celui qui faisait mon bonheur de l'instant...

Malheureusement, l'inconstance qui me caractérisait ne m'aidait pas a me poser vraiment.
Dans les premiers temps fusionnelle, la relation que j'entretenais avec mes amants s'étouffait bien vite.
J'avais connu bien des mariages, des désillusions surtout, mais cela m'avait aussi permis de forger un peu plus mon caractère.

Evidemment, il n'est pas toujours facile de suivre une jeune femme au caractère inégal...Tantôt enjouée et pleine de vie, je pouvais aussitôt devenir sombre et glaciale.
Parfois même, la fidélité devenait trop lourde pour moi...J'en venais a me demander si vraiment c'était de l'Amour.
Je n'avais plus peur de décevoir, et j'agissais souvent égoistement. Mais jamais je ne pensais faire de mal.

Bien sûr j'ai bien souvent aussi souffert, pleuré et maudit certaines de mes conquêtes. Mais comme on dit "ce qui ne tue pas rend plus fort".
Alors, je vivais plutôt l'instant présent privilégiant les bons moments et oubliant les périodes les plus douloureuses.
Je m'étais souvent fait la promesse de ne plus recommencer, mais pas facile de renoncer a un sentiment qui grise et qui permet de faire le vide en soi...
S'investir vraiment dans une relation quand toutes ont déçu n'était pas évident non plus.

Ma vie serait donc ponctuée de rencontres, de séparations mais après tout c'est aussi ce qui faisait de moi ce que j'étais...

Huitième chapitre : Retrouvailles

Tout vient à point...

Souvent, je passais a la Taverne d'Amakna retrouver quelques amies. Nos discussions, ponctuées d'éclats de rires tournaient toujours autour des mêmes sujets : l'aventure, l'amitié et bien sûr les conquêtes.

Le temps passait ainsi, et de confidences en confidences, et les liens qui nous unissaient n'en devenaient que plus forts. Parfois même, je ne pouvais m'empêcher de venir juste pour dire bonjour, bonsoir ou pour m'assurer que tout se passait bien pour chacune de mes camarades.

Mais depuis quelques temps, la taverne se trouvait investie par de bien tristes personnages...Des aventuriers, surement déçus de leur vie qui étaient devenus non seulement des mendiants mais aussi des éléments perturbateurs. L'alcool y était pour quelque chose, mais parfois je me disais qu'il étaient tout simplement méchants.

Mes amies et moi ne les redoutions pas vraiment, nous étions sûres de pouvoir nous défendre en toutes situations. Nous étions bien lasses de les voir venir s'échouer ici, ivres et n'hésitant pas a intervenir dans les conversations pour parfois débiter des phrases a peine compréhensibles.
Je ne pensais pas que la situation puisse devenir insupportable, enfin j'évitais d'y songer.

Un soir, nous étions restées a peut être plus tard qu'a nos habitudes et un des sauvageons sévèrement aviné nous interpella :

- Hey les minettes, vous avez rien a faire ici, dégagez !

Interloquée, je lui demandais en quoi nous n'étions pas les bienvenues, surtout des habituées du lieu comme nous !
Il lança, sûr de lui et sur un ton particulièrement agressif :

-Écoute moi bien, toi la femme, qui te permet de répondre ? Obéis !

A peine avait-t-il terminé sa phrase qu'un voix grave répondit :

-La femme, comme tu dis, c'est ma sœur, donc soit tu lui présente des excuses, soit je te fais regretter d'être né.

Non je ne rêvais pas, c'était bien lui...Mon Fourbe, ma famille, le destin l'avait mis sur ma route et au bon moment surtout.
Je ne pus m'empêcher de lui sauter au cou, et de le serrer de toutes mes forces. J'étais tellement heureuse de le revoir, je ne saurais même plus expliquer ce que j'ai ressenti en entendant sa voix.
J'avais mille questions a lui poser, mille choses a lui raconter.

J'espérais seulement qu'on ne soit pas séparés a nouveau.
Mais en serait-il ainsi ?

Neuvième chapitre : Ma fierté

le début d'une nouvelle vie...

C'est le cœur rempli de joie que j'annonçais la nouvelle à mon frère : j'allais être maman.
Oui, moi, l'impétueuse, la passionnée...

Il se mit à rire :

- Euh, tu es sûre de toi là ? T'es malade, tu veux un coup de rhum ?

Énervée, je lui répondis :

- De toute façon, je savais que tu douterais de moi ! Mais je vais te prouver que je serais capable d'être la meilleure mère de ce monde.

J'avais quitté la taverne en bougonnant et vraiment déçue, j'aurais tellement aimé que mon frère soit aussi ravi que moi...

Quelques temps avant ça, j'avais retrouvé un jeune féca, ami de longue date. Il m'avait souvent aidé dans les moments difficiles et avait réussi a gagner ma confiance. Un soir d'hiver, nous nous étions unis. Je me souviens des alliances qu'il avait fabriquées, ornées d'un petit cœur et signées de sa main.

S'en suivit une relation amoureuse sans nuage, et l'envie de partager notre bonheur avec quelqu'un d'autre se faisait de plus en plus forte...
Malgré tout, j'avais peur de trop précipiter les choses. Alors j'évitais d'insister sur le sujet, je laissais le hasard faire son œuvre.

Et puis, ce qui devait arriver arriva... Il n'y avait aucun doute, mon ventre était devenu bien rond et malgré l'appréhension j'étais folle de joie !

Le temps passait si lentement...Je ne pouvais bientot plus partir a l'aventure comme avant.
J'avoue que je m'ennuyais souvent, mais je pensais au bonheur que cet enfant allait nous apporter. Le soir, je pleurais parfois de fatigue et je m'endormais le cœur rempli de doutes. Serais-je capable de m'occuper de cet être? Est-ce que finalement c'était bien ce que je voulais ?

De toute façon, l'amour que m'apportait son père m'apaisait. J'attendais avec tellement d'impatience son arrivée...
Même avant sa naissance, j'avais appris a l'aimer. Je plaçais mes espoirs en cette nouvelle vie. J'avais enfin fait quelque chose d'unique, et qui représentait tellement pour moi.

Le vent était glacial le soir ou j'avais ressenti les premières douleurs. Quand je l'avais prise dans mes bras, son regard s'était plongé dans le mien. Le bleu pur de ses yeux contrastait avec le regard sombre de son père. Une chaleur si intense m'avait envahi au moment sa naissance que je m'en souviendrais toute ma vie.

C'était décidé, elle se prénommerait Marevane. Et la déesse sacrieuse la protègerait, elle qui était si fragile, si pure et encore tellement vulnérable...

Elle représentait tout, mon bonheur, ma fierté et ma vie enfin accomplie.

Dixième chapitre : Le déchirement

Si tu veux atteindre quelqu'un, prends lui ce qu'il a de plus cher...

Comme chaque matin, ma première pensée allait vers ma petite princesse. J'allais donc la réveiller, pour pouvoir profiter de son premier sourire de la journée.

Ce matin là, j'avais trouvé son lit vide et froid. Au départ, je pensais qu'elle était sortie chercher de l'eau ou s'entrainer seule, comme à son habitude. Je l'avais cherchée aux abords de notre maison des heures durant, sans succès. Il fallait que je me rende a l'évidence...Elle avait disparu.

J'avais ensuite entrepris de parcourir Amakna et ses environs en interpellant chaque passant, mais toujours pas de nouvelles de mon trésor.
Mon coeur se serrait tellement fort que j'étais vite essouflée, j'avais dû me résigner à renter chez nous. Je tournais en rond et j'esperais qu'il ne lui soit rien arrivé de grave...J'avais fait part de sa disparition a quelques amis qui avaient promis de me tenir informée s'ils avaient des nouvelles de Marevane.

Son père avait disparu depuis maintenant quelques mois, je l'élevais et subvenais donc à ses besoins seule.
De toute façon, notre amour s'était peu à peu transformé en haine cordiale, puis en ignorance totale. Quand il était parti sans rien dire, je n'avais même rien ressenti.

Au lendemain d'une nuit sans sommeil, je me décidais à orienter mes recherches vers Bonta...J'avais eu comme un pressentiment.
Quelle ne fut pas ma surprise de la voir au détour d'une place, accompagnée de son père et d'une iopette rousse ! Folle de rage, je me décidais à les interpeller.

En quelques mots, son père m'avait donc expliqué qu'il s'opposait à ce que je revoie Marevane. Pourquoi ? Juste retour des choses m'avait t'il dit.
Marevane me regardait de loin, nous nous étions isolés pour avoir cette discussion. Je pouvais comprendre que son papa veuille la voir et qu'il l'aime aussi. Mais qu'il me la prenne, non.
Après des heures de discussions inutiles, il fallait que je me rende à l'évidence...Je ne repartirais pas avec ma fille, et si ça se trouve je ne la reverrais même jamais.

J'avais l'impression que mon coeur allait s'arrêter a chaque parole assassine de son père. Je ne voulais pas pleurer ici pour ne pas alerter ma fille, qui nous observait toujours, sans vraiment comprendre ce qu'il se passait. Pour elle, son père était venu la chercher avec mon accord, et nous devions nous entendre pour qu'il la garde exclusivement...J'était écoeurée qu'il ait osé lui mentir ainsi, mais je ne voulais pas qu'elle soit au centre d'une discorde d'adultes si jeune.


Pour la préserver, j'avais décidé de me taire. Je n'avais pas le choix de toute façon, je devais lui laisser pour lui épargner une guerre sans merci et surtout sans gagnant...
Je n'avais même pas pu lui dire au revoir, j'avais du laisser ma raison de vivre derrière moi par amour pour elle. J'avais l'impression d'être morte de l'intérieur. Je m'étais donc retirée, les yeux remplis de larmes et impuissante. Je me consolais en me disant que si notre Dieu Jiva m'entendait, celui qui m'avait tellement blessée serait un jour puni.